Le Prix de la Liberté

La Mako… Elle est clairement définie comme étant l’énergie même de la planète. Chaque être vivant nait de cette source, et y retourne à sa mort. Tel est le cycle de la vie sur Gaia… Mais quand est-il sur cette planète totalement recomposée ? Là où ces anciens mondes, qui auparavant possédaient leurs propres coutumes, leurs propres ressources, et leur propre énergie vitale, sont dorénavant réunis en un seul… L’énergie Mako subsiste-t-elle encore ?

Aerith pénétra lentement dans la ville-réacteur de Midgar. La voilà qui errait dans les rues sombres de la ville, et regardait d’un air mélancolique l’immense bâtiment central, celui de la Shinra Electric Power Company. Cette société qui jadis exploité l’énergie Mako par le biais de divers réacteurs, s’avérait aujourd’hui n’être plus d’actualité. La ville avait énormément souffert de la chute du Météore qui avait secoué la planète entière. Aerith ne pouvait s’en rappeler que trop bien. Lors de cet instant, elle se trouvait au sein même de la Rivière de la Vie. Il s’agit de l’esprit même de la planète, là où les gens naissent et meurent, là où la Mako est extraite… C’était une situation étrange pour Aerith que de parler de cela. En effet, elle qui fut tué plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant l’incident, la voilà de nouveau sur pieds, se remémorant l’instant où elle avait contribué en tant qu’âme à protéger la planète. Ce qui était tout aussi étrange, c’est qu’elle revint dans le commun des mortels à peu près au même âge qu’elle l’avait quitté, alors qu’une fois mort, on ne devrait pas pouvoir revivre. Cette pensée la troublait, elle il lui fallait changer de sujet.
Les rues semblaient toutes désertes. Il n’y avait plus aucune âme qui vive dans cette ville en piteux état. Mais c’est alors qu’elle croisa une voiture dans la ruelle menant au théâtre où jadis se jouer la pièce « LOVELESS ». Sans vraiment prendre le temps de réfléchir, elle s’interposa devant, obligeant le conducteur à s’arrêter et sortir. D’un air pressé mais sympathique, il lui demanda.

« Vous voulez quelque chose, mademoiselle ? Vous semblez perdue. »

A vrai dire, c’était un peu le cas. L’absence de toute la population la perturbait et ne se souvenait plus des endroits les plus fréquentés à ceux les moins fréquentables.

« Où… Où sont passés tous les gens ? »

L’homme grimaça. Il posa ses mains sur ses hanches et regarda autour de lui, vers le haut, comme s’il cherchait ses mots. Il se gratta la tête et marmonna ces quelques mots.

« Hum… et bien, voyez-vous… euh… la ville est déserte, euh… ils sont tous partis, euh… »

C’était un homme assez petit, légèrement enveloppé, à l’apparence plus ou moins négligé. Aerith avait du mal à le comprendre, et surtout à discerner une quelconque réponse à sa question, en somme, n’était pas si compliquée. Son regard tomba alors derrière l’homme. Une grosse affiche était collée sur le mur d’un bar. « Construction du nouveau Midgar » y était inscrite en grosses lettres. Elle le lut à haute voix, et aussitôt, l’homme fit un « Oui, c’est ça ! » qui semblait surgir du plus profond de lui-même. Aerith le remercia puis se dirigea vers cette affiche – l’homme quant à lui s’en alla rapidement.
Se trouvant plus près, la jeune demoiselle put lire les détails de cette annonce :

« Suites aux incidents ayant détruits une grande partie de la ville, la WRO (World Restoration Organisation) a entrepris de construire une ville annexe à celle qu’est Midgar. […] Nous comptons sur vous tous, citoyens honorables, pour votre collaboration et votre compréhension.
En attendant la fin des travaux, les secteurs 1, 2 et 5 resteront ouverts, assurant ainsi le service minimum et laissant le centre commercial actif. »

Une nouvelle ville, hein ? Le projet faisait rêvé, certes, mais semblait rester dans l’ordre de l’inconcevable. Effectivement, construire une ville demandait des fonds incroyables ! De plus, il fallait qu’elle soit aussi grande que Midgar, vu le nombre d’habitants qu’elle possède. Aerith n’y croyait pas vraiment, mais qui sait ? L’avenir nous le dira.
Mais alors, qu’adviendra-t-il de ceux vivants dans les Taudis ? Aerith pensa tout de suite à sa mère adoptive, Elmyra et décida de s’y rendre en empruntant un train qui descendait sous la plaque – sur laquelle se trouvait la ville entière.
Une fois les taudis du secteur 5 atteints, Aerith ne tarda pas à rejoindre l’église dans laquelle elle avait passé toute son enfance à s’occuper des seules fleurs qui poussaient dans un lieu comme celui-ci. Bien évidemment, rien n’avait changé à l’intérieur. Il planait toujours cette ambiance apaisante que lui procurait cet endroit. Le trou dans le toit n’avait pas été réparé – ceci dit, le contraire l’aurait étonné. Les nombreux bancs se trouvaient mal positionnés et ceux les plus proches de la grande porte d’entrée s’avéraient cassés. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Aerith se sentit pour la première fois chez elle. Avant sa mort, la jeune femme possédait sa propre maison, mais venait ici régulièrement. Aujourd’hui, elle se rendit compte à quel point ce lieu comptait pour elle.

Elle quitta l’église et se rendit maintenant chez elle, un peu plus loin. Elle avait hâte de revoir sa mère adoptive, qu’elle n’avait pas eu le temps de revoir – elle s’était faite tuée brutalement… C’est donc d’une main emplie de nostalgie et d’émotion qu’elle poussa la porte. Mais à sa grande surprise, Elmyra ne s’y trouvait plus, et ses meubles par la même occasion. Alors tout comme les autres habitants, elle avait quitté le domicile ? En y réfléchissant, c’était peut-être préférable pour elle puisque cela lui a sans doute permis de se construire une nouvelle vie dans la future ville annexe, à un meilleur endroit que les Taudis, et profitant de ce nouvel air tout en attendant le retour de sa fille bien-aimée.
Mais avait-elle été mise au courant de l’assassinat d’Aerith ? Cela se pourrait bien, et aurait aussi expliqué pourquoi elle ne se trouve plus à Midgar. La marchande de fleur se rendit alors compte que sa « liberté » avait eu son prix à payer… Le contact avec ses proches lui manquait. A part Zack, elle n’avait revu personne, et personne ne semblait au courant de son retour, tous préoccupé par cette nouvelle ville ou bien par la création du monde commun. Que devait-elle faire ? Elle faisait partie de la Résistance, mais ne savait toujours pas comment se battre contre ces « Sans-cœurs » qui sont apparemment les grands méchants de l’histoire.

« Cloud, Tifa… Où êtes-vous donc passés, tous ? Moi qui ai causé tant de peine par ma mort, me voilà de nouveau parmi les vivants, mais personne ne le sait. J’erre dans les rues comme un fantôme ; dans le monde comme rien… Pourquoi cette Résurrection prématurée ne me permet-elle pas de revoir mes proches « vivants » ? Zack était aussi mort, ce qui explique que je puisse le voir, mais les autres ? N’ai-je toujours aucune signification pour eux ? Suis-je toujours… morte ? »

Accablée de tristesse, Aerith tomba à genoux et laissa échapper un flot de larmes chaudes sur ses joues roses. Cette peine qu’elle ressentait était bien réelle pourtant, le sol qu’elle touchait l’était tout autant. Alors pourquoi ? Cependant, elle ne devait pas perdre l’espoir de les revoir un jour, et ce jour arriverait bientôt…
En attendant, il ne lui restait plus qu’à attendre en se rendant aussi utile qu’elle le pouvait.
Elle se releva puis, sans un regard en arrière, sortit et referma la porte. Elle retourna à la gare du secteur et se retrouva de nouveau dans les rues désertes de Midgar. L’ancien bâtiment Shinra faisait triste mine au milieu de ces décombres. Le passé se trouvait derrière ; elle appartenait au passé…

Sans un mot, elle quitta la ville vers une direction encore inconnue ; là où l’avenir l’amènera.